Sunday, October 28, 2018

ràs

Rien à signaler sur le front affectif. Sur le front infectieux peut-être un rhume. Mais sur le front affectif rien. Rien qu'une prise de tête. Je l'ai analysée, elle n'atteindra pas le coeur : nous sommes sauvés. Et tristes de l'être. On aurait bien chopé un virus, le laisser s'installer, il aurait fallu nous mettre en quarantaine tous les trois, toi, notre virus et moi.

safari

Mon amie Alix travaille au ministère de la défense. Beaucoup de costumes et d'uniformes. Alors quand le dimanche on va prendre un café en bord de canal pantinois, elle est avide de bobos, elle les déguste comme des bonbons visuels, observe avec joie leurs manteaux, chaussettes, coiffures et lunettes. La vie est un spectacle. Tout un quartier est en représentation.

Saturday, October 27, 2018

pff

8°C. Température "en dessous de la normale", sous-normale, déviante, inquiétante ?!! 8°C à Paris et tout de suite les grands mots. Tout de suite les gros bonnets. Pff. Ces gens ne connaissent rien à la nature.
Campagne forever.

Monday, October 22, 2018

trajet du soir

Je suis (du verbe suivre) la lune. Une lune si grosse et ronde qu'on la dirait carrée. J'ai failli rire en la voyant. Elle pend au dessus du pont bleu, assez basse, disparaît derrière les immeubles pendant la traversée. Le ciel est bleu nuit, vaste et sombre et ne devrait pas avoir besoin d'autant d'adjectifs pour lui rendre justice. Le ciel est et je pédale 17ème, 18ème, 19ème. Ecluse à nouveau en train de laisser passer des bateaux, donc barrières baissées, je me faufile pour rejoindre le groupement de cyclistes et de scooters accumulés en tête de file, prêts à bondir dès l'ouverture. Etrange sensation de communauté, on est là, tout serrés, à attendre. On regarde les chaussettes de l'un, le sac à dos de l'autre, le vélo, les casques. Rare de voir d'aussi près les cyclistes que l'on ne fait que croiser à la volée. On en profite. Une fille métisse a dans son sac à dos une enceinte. Pas très forte musique africaine, rythme envoutant, je tapote sur mon guidon. Je vois sa cheville qui oscille. L'homme à côté bouge sa tête comme en transe, il ne doit pas savoir que son cerveau s'est branché sur la fréquence d'à côté. Pulsations, connectés on attend. Et la tension se défait aux premiers coups de pédales, aux premiers rugissements de moteurs. Comme chorégraphié.

trajet du matin

Brume, petite quinzaine de degrés, certaines sortes de cyclistes sortent les gants sur le guidon. Élégante grisaille d'automne, on était si habitué au ciel bleu que le gris en devient distingué. Passage de l'écluse par les marches, le pont est levé, les panneaux lumineux rouge interdisent la circulation, et de toute façon les barrières sont baissées. Descente du vélo en mouvement, hop sur l'épaule, à gauche la rotonde, Stalingrad, à droite les moulins de Pantin, la Villette, c'est reparti, en selle. Passés les immeubles à la gratte-ciel, je roule vers rue Riquet, vers lui, vers le pont bleu. Le Pont Bleu. Le lever du soleil toujours dans le dos, je me dégage de l'écharpe en veillant à ne pas perdre mes boucles d'oreille pour tourner la tête à 180° et apercevoir les lueurs du jour. Espace, passerelle, route, chemins de fer, la vie cinématographique, on est obligé sur ce pont de la ressentir comme une possibilité parmi d'autres, mais une possibilité tout à fait présente et même présentable. (Je triche, je n'écris pas, ce sont le mots qui écrivent et qui s'attachent les uns aux autres comme des chariots aimantés.) Le café en bas du pont, avec une terrasse en pleine lumière. Il faudra m'y arrêter un matin. Avant de me faire avaler par le 18ème.

Sunday, October 21, 2018

fantômette

Ifemelu tient un blog. Ifemelu, c'est le personnage principal du roman Americanah que tous mes abonnés Instagram ont l'air d'avoir déjà lu. Etrange sensation, mais heureusement un livre se délivre de la même façon à chacun, c'est à dire individuellement et uniquement. Donc malgré l'impression de lire une autoroute déjà appréciée par tant d'autres, j'ai la satisfaction d'y avancer comme sur ma propre petite route de campagne. Trop de métaphores ? *hochement d'épaules*
Il est bien ce livre, un peu long par moment, mais il détient cette capacité à vous faire oublier votre vie et à vous projeter totalement dans le présent du récit, à Lagos, à Philadelphia ou Baltimore. Ceci n'est pas une critique, ni un résumé, juste une sorte de commentaire-frôlement né de l'envie de partager ce qui ronronne dans ma tête ces dernières soirées. Ifemelu et Obinze.

Le blog dans le livre est d'utilité sociale, il pose un regard sur la société, la décortique, donne naissance à des débats in the comment section.

Ce blog dans la vraie vie est d'utilité personnelle, avouons-le, il pose un regard sur euh il n'en pose pas, il traduit un regard en mots, le décortique, donne naissance à encore plus de mots.

Cette foutue duplicité. L'impression d'avoir été mal copiée-collée. Une partie de moi est floue, sans prise sur la réalité, aussi présente que peut l'être une lumière ou une odeur : pas assez pour empoigner les portes et les corps.

Bouh. Je est un fantôme par moment.