Tuesday, April 28, 2020

brume

Passer la trentaine en quarantaine.
Tout cela rime beaucoup trop avec bedaine.

La pluie est venue, mais elle ne tient pas le rôle principal, ce n'est pas par là qu'il faut commencer pour raconter le temps qu'il fait. Les montagnes sont escamotées, toutes, et derrière le chalet, au bout du chemin vers la forêt (quelle forêt ?) la brume fournit une finition falaise abrupte - au-delà, le néant blanc. Les bancs de brume remontent par cran, comme intrigués par notre activité (relative) à l'intérieur du chalet. Des fantômes brumisés.

Saturday, April 25, 2020

chrysalide

Un confinement chrysalide - moi-même ne sais pas très bien ce qui se trame, ce qui mûrit. Des forces se réveillent, des pensées se mettent en place, depuis le temps ! Mais aussi dans le temps et grâce au temps. Tout est un bain de temps. L'impatience s'écrase sur les plages comme des vagues fougueuses. Rien ne sert de courir, il faut mûrir à point.

Ce matin, le grincement du rasoir m'a fait penser au cri des mouettes. 

Ce matin, dans la boîte aux lettres en haut du chemin, un deux trois quatre cinq livres m'attendaient. Je m'occupe de l'accueil des nouveaux arrivants. 

avril

Sur un fil avril avance, assez sûr de lui et d'où il va. Ce mois bizarre qui commence par ne pas se prendre au sérieux prend ici tout son intérêt : amarrer le printemps et repousser la neige. Les montagnes sont tigrées, marbrées, décorées par ce qui reste et par ce qui part. Elles sont solides, elles ont bon dos. Et nous, nous sommes toujours au chalet, quelque part dans le Beaufortain.

Temps merveilleux, anxieux de décevoir et en même temps très désinvolte : j'enverrai la pluie quand j'en aurais envie, pas avant. Résultat, l'air se charge et les mouches tournent.

Une respiration que je voudrais libérer, qui parfois se bloque, sensible et superstitieuse.

Au moins les mots me reviennent, comme les pissenlits jaune vif qui jaillissent de toutes parts.

Bouquets.