Monday, November 30, 2015

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Osons user de la salive, former des mots pour mettre en perspective, pour fabriquer de quoi s'agripper, tailler ses prises, donner du relief, se hisser, franchir les murs.

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(à lire comme un rap, à dire comme un slam.)

Dans une cour du 19ème arrondissement
quelque chose ne tourne pas rond
les angles s'aiguisent
les langues se taisent
les anges s'étranglent
une sale escalade
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l'appel de la cascade
le tournis du vide
l'emprise des frangins
le besoin d'un destin
on ne ronge plus ses ongles
on les lime ce sont des griffes
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tourner autour des buttes
trouver le matos
toutes des putes
vive le pathos
ou plutôt thanatos
mortifère mousquetaire
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fractures sismiques
factures ouvertes
faire payer
prendre chair
qui ne trouve pas de place
part à la chasse
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ça n'excuse rien. mais il me faut comprendre.

Friday, November 27, 2015

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Petite grand mère bien en chair portant sur son dos sa taille et son poids en contrebasse avance toussotante à raz bord du trottoir.

Ça sent le sapin devant le fleuriste qui a fait de sa parcelle de trottoir bordée de branches une haie d'honneur verte et odorante.

Thursday, November 19, 2015

X

J+6

Sensation d'être liée à la ville, intimement, le regard posé sur ses rues et décors, des regards caresses. Est-ce que la matière réagit ? Je ne crois plus aux objets inanimés. Même les murs se sont réveillés. L'âme de Paris est partout ces temps-ci. Ne serait-ce que par ricochet de ce que projettent nos regards, de ce que cherchent nos yeux. Nous sommes en échange, nous sommes en communion. Je suis au monde plus qu'avant. Un bastion de plus. Paris jamais ne sera vaincue.

Extraire toutes ces boules de tous nos ventres, dénouer ses noeuds dans nos gorges, et tout faire briller, notre force et notre amour, une puissance déployée, retentissante. Quelle symphonie.




Tuesday, November 10, 2015

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échantillons.

8h35. Le vendeur d'un petit bazar rue Rochechouart tapote d'un plumeau couleur arc-en-ciel de grosses paires de chaussettes blanches présentées en devanture de son étalage. Ménage matinal.

8h36. Je croise la petite concierge probablement portugaise teinte en blonde d'un immeuble plus haut dans la rue chargée de trois baguettes et vêtue de sa polaire bordeaux plus tard que d'habitude.

8h37. Petit attroupement non-idéalement placé entre les travaux et l'entrée du métro provoquant mécontentement visible mais silencieux des passants - une mère s'acharne sur la fermeture "éclair" du petit garçon, ses sœurs trépignent, la poussette reste placide, ça circule tant bien que mal.

8h40. Ligne 8, une jeune parisienne assise sur un strapontin en heure de pointe avec des mains aux ongles rouges qui entourent un café à emporter - le couvercle blanc est maculé de rouge à lèvres, carnage rouge, elle s'agrippe jusqu'à Chemin Vert.