Les applis dating - petite mise en garde à l'usage des cœurs tendres et naïfs
Moi et toi (ou toi ou toi ou toi) dans un entre-deux monde
sans foi ni loi
Un « charme », un « crush », quelques
messages échangés, rencontre. La suite logique, incarnation, matérialisation,
contact. Et pourtant c’est un entre-deux mondes qui s’ouvre : je suis là
comme sortie de l’écran, mais toujours aussi jetable, dans une sphère
indéfinie, une sorte d’espace aérien dont les lois n’ont jamais été écrites. Pas
d’obligations, pas de code de conduite. Je suis pour cet autre un étrange fantôme
flottant, une potentialité, et je peux rester fantôme à la deuxième et
troisième rencontre encore. Nos peaux peuvent s’effleurer, nos bouches s’embrasser,
cela ne signifie rien, ne modifie pas les réalités, tout peut s’effacer. Chacun
peut se retrouver à tout moment comme le personnage supprimé du scénario. Swype.
Il y avait mieux que toi, il y avait plus convaincant.
On s’offre à voir, c’est le marché noir, on jauge, on juge,
on pèse, on dispose, on pense rarement ce que l’on déclare, on ne veut jamais
payer, ni les pots, pinte ou mojito, ni les pots cassés. On veut bien être
baisé mais pas blessé, on est extrêmement biaisé et puis surtout très blasé. On
organise son casting sur des critères débiles, et les rounds s’enchainent et
n’en finissent plus. Après tout, il y aurait mieux out there, dans cette ville
réservoir ? On ne croit plus en rien, mais c’est mieux que rien. On se
fait fonctionner. On cherche du réconfort – à ce stade il faudrait d’ores et
déjà désinstaller l’appli illico presto -
on cherche à plaire, alors que l’on est encore en train de lécher sa
dernière plaie.
A croire qu’il faut s’endurcir jusqu’à devenir aussi
insensible que les écrans. Pour moins morfler, pour continuer à se goinfrer de
dates sans saveurs. Avortement sur avortement, arroser du marbre, les jeunes
pousses texto-sectionnées d’un « j’ai rencontré quelqu’un d’autre ».
Il faudra recommencer, soigner sa carapace, et parfois
peut-être tout de même malgré tout
oser craquer ?!
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